Autoportrait
Dès que je ferme les yeux, mes masques s’animent. Dans ma tête se joue la grande mascarade, les visages tournent à m’en donner le vertige, dansant une gigue endiablée. Au défilé des identités, les sexes tombent, pas les masques. Le carnaval n’a pas de sexe.
*
L’écho de mes cris me revient toujours comme un chuchotement, prononcé par quelqu’un d’autre. Si je murmure, c’est l’autre qui répond en aboyant.
*
Impudeur : Se donner des conseils que l’on ne suivrait pas soi-même.
*
La nuit, les fantômes s’agitent, des mains invisibles tirent leurs fils de pantins et, ensemble, ils me font la nique.
*
Rêve : Un soir de noces orgiaques, je soulève le voile de la mariée pour l’embrasser. Je découvre un squelette qui, je crois, me sourit. Comment en être sûr, elle n’a plus de dents.
*
J’ai embrassé tant de visages, endossé tellement de masques, qui pourrait bien me dire à quoi je ressemble ? Et moi, quand bien-même je me rencontrerais, saurais-je seulement me reconnaître ?